Montréal, 13 septembre 2018

N’oublions pas les entrepreneurs issus de l’immigration

Si les enjeux de cette campagne électorale sont nombreux, c’est sans contredit celui de l’immigration qui prime dans cette élection. Les candidats mentionnent la nécessité de leur intégration dans notre belle province, mais aussi leur impact sur notre identité culturelle, ainsi que l’apport potentiel à pourvoir aux postes en région. Nous sommes d’accord qu’il est primordial de faciliter l’intégration des immigrants sur le marché du travail, de reconnaître leurs diplômes et de leur offrir des cours de francisation.

Mais ces propositions touchent surtout les futurs nouveaux arrivants. Qu’en est-il des Québécois issus de l’immigration qui sont ici depuis des décennies? Qu’en est-il de leurs enfants?

Dans cette campagne, on parle beaucoup de l’accès au marché du travail, de l’immigration comme étant un problème ou un défi, mais aucunement d’entrepreneuriat. Pourtant, les entrepreneurs issus de l’immigration sont une source de richesse et de prospérité pour le Québec et ils méritent qu’on s’occupe d’eux.

Les entrepreneurs issus de l’immigration sont plus entreprenants que la moyenne québécoise. D’après l’indice entrepreneurial québécois 2016 du Réseau M, les immigrants sont manifestement plus enclins à vouloir créer ou reprendre une entreprise, avec un taux de 32,3 %, comparativement aux non-immigrants (19,4 %). Ils sont presque deux fois plus nombreux à vouloir commencer leur entreprise avec au moins 4 employés (36,3 % contre 19,1 %) et 32,8 % des immigrants envisagent d’être actifs à l’international contre 16,6 % des non-immigrants.

Malgré ces chiffres positifs, les entrepreneurs issus de l’immigration ne sont pas à l’abri des défis et des préjugés. Nombreux sont ceux qui doivent renoncer à leur rêve de créer leur entreprise par manque de financement, de soutien et d’accompagnement.

Nous avons réuni des entrepreneurs issus de l’immigration, dont certains sont en affaire au Québec depuis plus de 30 ans, lors d’une activité à laquelle nous avions invité les candidats aux élections à se joindre à nous. Des candidats du Parti Québécois et du Parti Libéral du Québec étaient présents (Québec Solidaire s’est excusé, la Coalition Avenir Québec n’a pas donné suite à notre demande). Nous avons demandé aux entrepreneurs présents quels étaient leurs besoins non comblés, leurs défis et ce qu’ils attendent du futur gouvernement.

Voici ce qu’ils nous ont répondu :

• Il existe des outils et des programmes destinés aux entrepreneurs, cependant, la pluralité des intervenants rend cet accès complexe.
• La majorité des programmes sont destinés aux personnes souhaitant démarrer (programmes de formation) une entreprise. Sans remettre en question ces programmes, il faudrait aussi financer des programmes d’accompagnement et de financement auprès des entrepreneurs issus de l’immigration une fois leur entreprise démarrée. Ce soutien est primordial si on veut que les entreprises survivent et croissent. Cet accompagnement doit être adapté au contexte de l’entrepreneur, il faut tenir compte de son bagage culturel.
• Le travail des organisations dont la mission est d’accompagner et de financer les entrepreneurs issus de l’immigration doit être reconnu par le financement.

Il y a manifestement un besoin criant en matière de financement, d’accompagnement et de soutien. Il est fondamental de soutenir la mise sur pied d’une offre intégrée aux entrepreneurs de la diversité. Actuellement, nous constatons qu’aucune organisation n’a le mandat ni les moyens d’intervenir sur l’ensemble des besoins touchant les entrepreneurs issus de la diversité. Il est donc plus qu’urgent de s’adresser aux problèmes réels des entreprises québécoises gérées par des entrepreneurs issus de l’immigration.

Au-delà des attentes formulées, les entrepreneurs issus de l’immigration s’attendent à des investissements structurants qui vont survivre sur une longue période. Ils s’attendent à ce que l’argent soit investi au bon endroit.

 

Milder Villegas

Directeur général de Filaction